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L'escalade, du sport de niche au marché de masse 🇨🇭

Les salles de grimpe en Suisse romande se multiplient. La venue d’acteurs ambitieux sur un marché en plein essor secoue le microcosme et provoque une démocratisation radicale de l’activité


Escalade
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L'escalade : du sport de niche au sport de masse


Elle est bien lointaine cette époque où l’on grimpait dans le garage d’un ami du village. Il y avait vissé des prises «tombées du camion» sur un panneau de coffrage qu’il avait accroché au mur. Au sol, des matelas trouvés au débarras amortissaient les chutes. Dans les coins, la poussière formait des boules grisâtres. On appelait cet endroit le «pan» et on y allait quand la pluie rendait les parois extérieures impraticables. On en sortait blanchis de magnésie, les mains en sang, les doigts recroquevillés. Et peut-être avec quelques poux dans les cheveux.

Ces espaces font partie de l’histoire ancienne. En vingt ans, le paysage de l’escalade en salle a radicalement changé. En Suisse, on estime à 150 000 le nombre de pratiquants. Un chiffre qui ne fait que croître et qui encourage l’ouverture de nouvelles infrastructures.

Le phénomène, déjà présent en Suisse alémanique, s’est amplifié ces dix dernières années en Suisse romande. En parallèle, tous les ans, Meiringen et Villars accueillent deux manches de la Coupe du monde d’escalade. Le succès de ce sport n’a par ailleurs pas laissé le CIO indifférent. Dès 2020 à Tokyo, les trois disciplines de l’escalade – le bloc, la difficulté et la vitesse – seront en compétition. Les propriétaires de salles comptent bien en profiter.


70 000 entrées par an


Depuis l’ouverture au début du mois de septembre de la salle C + à Colombier (NE), tous les cantons romands se sont dotés d’une infrastructure d’escalade intérieure. Dans le Bas-Valais, la salle Vertic-hall à Saxon jouit d’un quasi-monopole dans la région depuis 2012 et comptabilise près de 70 000 entrées par an. D’ici à fin 2018, pas moins de trois salles auront été inaugurées entre les cantons de Vaud et de Neuchâtel pour répondre à la demande.

Le point commun de toutes ces initiatives est qu’elles sont nées de la passion de grimpeurs. Mais certains s’avèrent toutefois plus ambitieux que d’autres. En Suisse romande, deux duos d’entrepreneurs font frémir la concurrence. Les frères Rebetez de la société fribourgeoise Grimper.ch et les deux associés de Totem, présents sur le marché depuis deux ans à peine. Les premiers, déjà actifs depuis 2010 à Givisiez (FR), se sont installés à Echandens cinq ans plus tard. Ils prévoient d’ouvrir d’ici à l’année prochaine la plus grande salle de grimpe romande à Villeneuve où les trois disciplines de l’escalade seront proposées. Les seconds sont spécialisés dans le bloc. Désireux de se développer sous forme de chaîne, ils ouvrent déjà une quatrième salle à la fin du mois de septembre à Ecublens, dans la périphérie lausannoise.


Le bloc, plus rentable


«Nous croyons dans ce marché», souligne Killiko Caballero, coassocié de Totem. «Selon les statistiques suisses, seulement 2% de la population helvétique pratique la grimpe. On ne peut donc que progresser dans cette activité.» Totem voit grand et ne s’en cache pas. «Nous venons de lever 1,2 million de francs auprès d’investisseurs. Au total, on est parvenu à cumuler près de 3 millions de financement, depuis la création de la société en 2016. L’argent est là», constate-t-il.

S’il a choisi de se concentrer sur des salles de bloc, c’est que c’est plus rentable: «Une salle de corde peut demander jusqu’à 10 millions d’investissement. Il n’en faut qu’un au maximum pour une salle de bloc», détaille-t-il. L’accessibilité de l’activité est aussi un avantage. «Maintenant, on veut aller plus loin. Le business, on l’a compris. Le défi est aujourd’hui de trouver les bons partenaires pour accélérer notre croissance.»


«Vous aimez le McDo?»


L’enthousiasme de cet entrepreneur n’est partagé que partiellement par les acteurs déjà présents. C’est surtout la méthode qui dérange. Car elle symbolise l’industrialisation d’une activité qui peine à ne plus se considérer comme marginale. Pourquoi ne se développent-ils pas eux aussi sous forme de chaîne? «Vous aimez le McDo?» répond Laurent Grandjean, l’un des trois associés à la tête du Cube, une salle de bloc située depuis 2011 à Bussigny, seulement à quelques kilomètres du lieu que Killiko Caballero et son associé ont choisi pour implanter leur quatrième salle. «Il n’y a aucune animosité», précise toutefois le cogérant de la salle bussignolaise. «Mais nous sommes évidemment dérangés par leur venue dans notre voisinage. Nous craignons une saturation du marché sur la même zone.»

Déjà, en 2015, l’arrivée des frères Rebetez de Grimper.ch à Echandens, non loin du Cube, a valu quelques inquiétudes aux gérants de la salle de Bussigny, qui ne pouvaient qu’assister impuissants à l’arrivée d’un mastodonte. Huit millions ont été nécessaires pour construire la nouvelle salle qui comptabilise aujourd’hui, selon les informations de la RTS, 75 000 entrées par an. Du côté de Bussigny, qui n’a pas voulu communiquer ses chiffres, il y a toutefois eu plus de peur que de mal, car les disciplines proposées par les deux salles sont différentes. Rocspot, à Echandens, propose essentiellement de l’escalade sur corde. A l’inverse, le Cube propose du bloc.


A Sottens, pour les familles


C’est toutefois quelques kilomètres plus loin, à Sottens, au nord de la capitale, que la société Gecko Escalade, présente depuis 2009, a dû s’accrocher. «On était les premiers à arriver avec ce concept d’espace chaleureux, propre, avec une offre de qualité. Comme on était peu sur le marché, on a eu du succès dès le début. Mais l’arrivée de Grimper.ch a été catastrophique. Il nous a fallu deux ans pour retrouver les chiffres noirs», se souvient Alain Michaud, l’administrateur des lieux. Ce choc l’a encouragé à fidéliser ses clients en diversifiant l’offre de sa salle, et en privilégiant l’accueil des familles, donc des enfants.

C’est cette concurrence directe que redoute le Cube avec l’arrivée de Totem à proximité. Comme dans la plupart des salles, les charges sont essentiellement rentabilisées par les entrées. «Bien que le nombre de pratiquants augmente, l’ouverture d’une nouvelle salle à proximité réduira inévitablement notre affluence», reprend Laurent Grandjean.


Le nouveau fitness


Chez Totem, la vision est tout autre. Fraîchement rentré de la Silicon Valley, où les salles de grimpe concurrentes ne désemplissent pas, tout en étant distant de quelques dizaines de mètres, Killiko Caballero est convaincu qu’il y a de la place pour tout le monde: «Il faut réaliser que les salles d’escalade ne sont pas destinées aux grimpeurs traditionnels. La preuve: 85% des clients qui viennent pour la première fois dans nos locaux n’ont jamais touché une prise avant. C’est une nouvelle forme de fitness.» Au client désormais de choisir quelle salle lui conviendra le mieux.



Le point de vu ALCELIA


Ce constat helvétique est bien sûr identique en France ! Le marché de l'escalade est en pleine croissance et les acteurs redoublent de créativité pour réinventer quotidiennement ce sport qui a de beaux jours devant lui ...


« ALCELIA Conseil se positionne aujourd'hui comme un acteur spécialisé dans l'accompagnement de projets de création d'espaces sportifs, dont l'escalade notre chouchou ! » - Baptiste, CEO d'ALCELIA

En effet, ALCELIA, par ses expériences de développement et de management de projets dans l'économie du sport, propose des services de consulting "clé en main" pour aider les porteurs de projets sportifs dans leur positionnement marketing (études de marché, positionnement stratégique), dans la construction de leur business plan (prévisionnels financiers, conseils financiers, montages juridiques) et dans l'idéation de modèles d'exploitation innovants et performants.


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